mardi 6 novembre 2007

La métamorphose d’Orion

Rares sont les occasions, dans la vie d’un cavalier de loisir (un peu passionné certes) de vivre des reprises de rêve, au cours desquelles quelque chose se débloque véritablement dans le rapport homme-cheval pour passer d’une relation plus ou moins tendue et distante à une complicité à la limite du centaurisme.

La semaine dernière, j’avais laissé la petite jument qui m’a été attribuée au club littéralement effrayée par tout ce qui était possible de l’effrayer (le départ des autres chevaux vers les écuries et surtout cette fameuse moitié de la carrière, la « moitié de tous les dangers ») et hésitant à se reconvertir en animal bipède tant elle était prête à se cabrer pour un oui ou pour un non.

Ce soir, une opération reprise de confiance était au programme. Après un bon pansage, nous nous rendons dans la carrière et je commence tout de suite par l’occuper, enchaînant les cercles au pas, les 8 de chiffres, les demies voltes dans la partie « accessible » de la carrière. Eviter au maximum les lignes droites et surtout le temps de réfléchir à ce qui ne devrait pas avoir de raison de l’inquiéter particulièrement. Même travail au trot, la petite « pile électrique » commence à se muer en cheval attentif et réactif, mais toujours excessivement aux aguets.

Au bout de 20 min environ de travail sérieux et appliqué, le déclic espéré (mais honnêtement pas attendu avant quelques séances) se produit, Orion cède. Et pas à moitié, en un cercle, il me semble avoir changé de monture. Elle cède dans sa tête d’abord et accepte sans frémir d’aborder toute la carrière, elle cède dans son encolure et commence à se placer comme un vrai cheval au travail, elle cède dans ses allures (même si le trot est toujours très cadencé), elle ne se bat plus contre le mors. La métamorphose est presque incroyable. Mon ancien taureau de combat prêt à jaillir à chaque instant est devenu un vrai cheval (qui mérite maintenant d’apparaître en photo sur ce blog). Déplacements latéraux, travail au galop avec changement de pied, toute la déclinaison d’une reprise de dressage (simple mais sérieuse) y passe et, petit à petit, il me semble qu’il n’est presque plus nécessaire d’agir mais simplement de penser les exercices pour les communiquer à ma monture.

Pourtant, il faut bien descendre de cheval et de mon petit nuage, avec des étoiles plein les yeux et les félicitations de mon nouveau moniteur qui m’honore de la visite de l’écurie et me présente ses anciens chevaux de grand prix (il a été champion de Belgique).

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