dimanche 14 octobre 2007

Une Belgique, une fois … Des Belgiques, desfois ?...

Ce petit message a pour but d’essayer d’éclairer la situation politique actuelle de la Belgique. Je n’aurais pas la prétention de vous promettre, comme le ministre wallon des affaires étrangères dans sa lettre aux ambassadeurs étrangers, des réponses « clé-sur-porte » mais je vais essayer de détortiller pour le mieux cette situation assez complexe …

Tout d’abord, il faut savoir que le système politique belge est une monarchie constitutionnelle fédérale, ce qui signifie qu’à la tête du royaume, il y a un roi (qui n’a pas plus de pouvoir que la Reine d’Angleterre, c'est-à-dire qu’il nomme le premier ministre, ce qui n’est pas aussi facile que pour Elisabeth II, vous le verrez tout à l’heure) que ce même royaume est une fédération de régions, c'est-à-dire une association entre d’une part la Flandre (néerlandophone), d’autre part la Wallonie (francophone) et enfin, la région de Bruxelles-Capitale (majoritairement francophone mais géographiquement en Flandre). Laissons de coté la communauté germanophone de l’est et les différentes associations entre les régions (flamandes ou wallonnes) et les provinces qui les constituent et les communes de la région de Bruxelles, sinon, on ne s’en sortirait pas ! Toutes ces différentes communautés administratives sont dirigées par des politiques ayant des fonctions parfois amusantes telles que ministre-président (un peu le contraire de notre super-président qui est aussi ministre de tout ce qu’il peut), échevin, bourgmestre qui régissent pour partie la politique locale en matière d’éducation, d’infrastructures, de logement, d’environnement, …

Au dessus de tout cela, un gouvernement fédéral est sensé s’occuper des problèmes tels que les affaires étrangères, la défense, la justice, … Et là, je dis bien est sensé car depuis juin dernier, à la suite des dernières élections fédérales, ce gouvernement est démissionnaire et gère les affaires courantes en attendant l’établissement d’un nouveau gouvernement. Or le résultat des élections est pour le moins contrasté. Lors de la campagne électorale, différents partis, dans les différentes provinces, ont fait surenchère de propositions régionalistes voire nationalistes. Ainsi, et pour faire un résumé un peu rapide, l’indépendance de la Flandres a été demandée par un parti extrémiste en Flandre qui a réuni une proportion importante des suffrages localement ; le rattachement de Bruxelles à la Wallonie est exigé par certains partis francophones alors que les flamants la dispute également, l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV) est ainsi un sujet particulièrement brulant puisqu’il se situe sur la frontière linguistique du pays ; un parti (ultra minoritaire) wallon a même proposé l’association de la Wallonie et de Bruxelles à la France ! Les électeurs, partagés entre ces propositions nationalistes et la conception fédéraliste du royaume ont décidé en leur âme et conscience et le résultat de leur vote est tel qu’aucun des partis ne dispose d’une majorité, comme c’est souvent le cas en Belgique, mais généralement des accords de gouvernements sont assez facile a obtenir.

Un Formateur a alors été nommé en Juin par le Roi afin de trouver des alliances possibles entre les différents partis francophones et néerlandophones, de gauche, de droite, du centre ou écologistes représentés à l’assemblée. En effet, avant de pouvoir faire l’ouverture vers l’opposition, encore faut-il pouvoir constituer une majorité. Sur le papier, le formateur Yves Le Terme pouvait être le probable prochain premier ministre d’une coalition baptisé « Orange Bleue » réunissant des partis conservateurs et nationalistes (en orange et en bleu sur le camembert ci contre). Elu Chrétien Démocrate de Flandre mais issue d’une famille « mixte », il devait faire le lien entre flamants et wallons autour d’un programme commun. Malheureusement, il s’est surtout illustré par des déclarations fracassantes, telle que celle-ci sur les francophones vivant dans les communes néerlandophones de la région de Bruxelles-Capitale ou tout doit être bilingue (on parle de communes à facilités) :

« Apparemment les francophones ne sont pas en état intellectuel d'apprendre le néerlandais, d'où la prolongation de ce statut d'exception. »

et pour avoir chanté la Marseillaise quand des journalistes francophones lui avaient demandé d’interpréter l’hymne belge le jour de la fête nationale (d’après lui, c’est de l’humour, mais une fois de plus, on est peut être « intellectuellement limités »).

Ne parvenant pas à trouver un accord de gouvernement, il a été relevé de ses fonctions par le Roi qui a alors nommé un Explorateur, Herman Van Rompuy, afin d’explorer d’autres possibilités de coalitions. Des coalitions avec des noms amusants ont été proposées telles que « Jamaïque » (en raison des couleurs du drapeau, représentant les couleurs des partis) mais aucune autre solution que la fameuse « Orange Bleue » n’a été trouvée et le Roi a été contraint de renommer Leterme comme Formateur alors que plus de 100 jours étaient passés depuis les élections. Heureusement, comme chaque fois que le Royaume de Belgique vacille, la famille royale a eu une bonne nouvelle à annoncer, la Princesse Mathilde est à nouveau enceinte (c’est déjà le quatrième, c’est dire que la situation politique est difficile !..). Concerant la nouvelle démarche de Leterme, qui se veut plus consensuel, quelques accords partiels ont déjà été trouvés par les représentants des partis de la coalition qui se sont bien gardés jusqu’à maintenant d’aborder les sujets sensibles (BHV, le bilinguisme, la scission, …) sur lesquels la majorité risquerait d’exploser avant d’avoir fini sa formation. Aux dernières nouvelles, un gouvernement pourrait être nommé vers le 15 Novembre (ils n’ont toutefois pas précisé l’année !..).

D’ici là, je vous tiens au courant !.. En espérant qu’une fois que j’aurai déménagé à Bruxelles, je n’aurais pas une frontière nouvelle à traverser chaque jour pour venir au labo !..

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